Vous vous trouvez sur le blog tenu par la Compagnie Sîn lors de son séjour en Palestine au mois d'avril 2011. Depuis près de dix ans les artistes de Sîn sillonnent ce territoire pour façonner des échanges culturels et de nouvelles propositions artistiques.
L'an dernier vous avez pu les suivre sur le blog "outwallin".
Le projet a avancé et un spectacle dédié à l'espace public est en cours d'écriture.
Huit personnes participent à ce nouveau séjour.
Leurs objectifs : Regarder, Ecouter, Enregistrer, Collecter, Ecrire et proposer des ateliers de pratiques artistiques au Centre culturel Al Rowwad, dans le camp de réfugiés d'Aïda.
Ce blog est là pour vous permettre de suivre la Compagnie Sîn, jour après jour, pendant cette nouvelle pérégrination palestinienne.

Checkpoints Singers

Hier arrivée via Tel Aviv (lundi matin 3h30)
5h lever du jour sur Jérusalem.

J’aurais aimé prendre le temps de ça. Trouver un endroit en hauteur pour voir se lever le soleil (situer l’est). Mais tout le monde est crevé, on est quand même pas mal chargé (bien sûr j’ai pas dormi dans l’avion, ni en arrivant au camp). Et le voyage est éprouvant, bien qu’il se soit très bien passé. Pas d’attente excessive, pas de fouille excessive, juste ce qui est considéré comme normal pour les voyageurs d’aujourd’hui. Sécurité quand tu nous tiens. Et oui la Securitate est une drogue à accoutumance. Y’en a même qui sont content de se faire fouiller, peut-être que ça les rassure.

C’EST JUSTE INSUPPORTABLE !!!

Ne pas accepter, ne pas céder à la normalité, la banalité de ça.
« D’où venez-vous ? Pourquoi vous venez là ? Pourquoi vous passez par Francfort ? … »
La première question est déjà de trop ! Ils ont plus d’info sur moi que je n’en ai moi-même avec mon passeport belge (qui sent encore le neuf) biométrique et pucé. En faisant faire mon passeport je suis  déjà à la limite de la compromission, quand je le montre gentiment, ouvert à la bonne page à chaque  fois qu’on me le demande, suis-je déjà au-delà ?

Checkpoints Singers
Abed (le directeur du centre culturel Al Rowwad qui nous accueille à Aïda camp) nous a invités à partager le repas avec une délégation belge (si si c’est pas une blague) chez Al Rowwad. On fait la visite du centre avec eux qui se finit sur le toit : panoramique sur Bethléem et le camp. Ce qui saute aux yeux c’est les citernes sur les toits (dès notre arrivée j’avais remarqué ces citernes munies de panneaux solaires on ne peut plus sommaires, pour certains de simples tôles rouillées même pas peintes en noir (ou alors il y a longtemps) sans vitre sans rien. 
Dans le camp Olivier nous montre les instal de bric et de broc. Explication : l’eau arrive sans pression, juste un filet d’eau, quand elle arrive ! Le système de la citerne avec sa petite pompe de relevage permet de stocker l’eau pour les moments fréquents où il n’y en a pas. La guerre de l’eau qui existe depuis la nuit des temps prend ici une consistance, une réalité visible, palpable. Même les belles maisons palestiniennes sont équipées du système. Ceux qui ont les moyens ont aussi des citernes enterrées beaucoup plus volumineuses.

Checkpoints Singers deuxième :
De disgression en disgression, je vais bien finir par parler de cette drôle de rencontre : une trentaine de belges la plupart flamands, assis, écoutant attentivement Abed exposer la situation ici. Un numéro bien rodé, avec ces formules, ces images, ces citations bien parlantes qu’il déroule jusqu’au bouquet final avec un extrait de 

Cyrano de Bergerac illustrant son propos ; efficace !

Rebelote sur le toit avec là encore un exposé très percutant sur l’évolution du camp, la montée du mur, la guerre de l’eau. Ensuite un groupe d’ados du camp dansent et chantent pour nous, je veux dire pour le groupe de belges et nous. Puis vient le moment où les trente belges se lèvent et nous annoncent qu’ils vont chanter pour remercier les jeunes. Le car de touristes égaré dans le camp d’Aïda se transforme en une chorale qui entonne joyeusement « Bella Ciao » devant un public d’ados  médusé : Les Checkpoints Singers ! Ils se pointent au checkpoint et chantent pour les palestiniens qui font la queue, des chants révolutionnaires, de lutte et de liberté, en offrande à ceux qui souffrent, pas des trucs cul cul la praline mais un encouragement à la lutte ! Lutte non violente. J’aime ! 
Ils devaient chanter ici au checkpoint de Bethléem, pas de pot, because  Pâques celui-ci est fermé aux palestiniens (nous on circule quasi librement) comme tous les autres dans les territoires. Olé !
Carst
19/04/2011

1 commentaire:

saïda a dit…

Bravo pour ce que vous faite, ce conflit est tellement injuste et on se sent tellement impuissant face à tout cela...