Vous vous trouvez sur le blog tenu par la Compagnie Sîn lors de son séjour en Palestine au mois d'avril 2011. Depuis près de dix ans les artistes de Sîn sillonnent ce territoire pour façonner des échanges culturels et de nouvelles propositions artistiques.
L'an dernier vous avez pu les suivre sur le blog "outwallin".
Le projet a avancé et un spectacle dédié à l'espace public est en cours d'écriture.
Huit personnes participent à ce nouveau séjour.
Leurs objectifs : Regarder, Ecouter, Enregistrer, Collecter, Ecrire et proposer des ateliers de pratiques artistiques au Centre culturel Al Rowwad, dans le camp de réfugiés d'Aïda.
Ce blog est là pour vous permettre de suivre la Compagnie Sîn, jour après jour, pendant cette nouvelle pérégrination palestinienne.

Ramallah...............................................................

Crédit photo : Olivier Baudoin


Ramallah et arabic coffee

Je suis ébloui par Ramallah, dès notre arrivée. On cherche à joindre notre contact Azem. En attendant, on se pose dans un café typique : hommes jeunes, vieux, moins vieux ............. Lisie est la seule femme mais elle est européenne ; ce qui explique tout. A peine assis, un vieil homme nous parle (il est beau, charismatique) il parle espagnol donc nous devenons rapidement "amis", il est très content de parler à un français d'origine espagnole et moi de m'extirper de ma torpeur matinale par cette complicité "linguistique, il est ma bulle, mon privilège : il s'appelle  Sarih (je suis étonné que l'espagnol soit une langue assez répandue en Palestine, ça m'arrange et me fait plaisir je suis une brèle en anglais) et il dégage une gentillesse particulière. Olivier prend en photo Sarih et son ami Djamel. Nous partons .............


Sharek et la jeunesse Palestinienne

Nous réussissons à rentrer en contact avec Azem, nous nous rendons dans un quartier résidentiel et moderne  de Ramallah où se trouve le Sharek Youth Forum [www.sharek.ps]. Azem nous accueille et nous descendons à la salle de conférence où se débat, s'expose le positionnement de la jeunesse par rapport aux mouvements de libération .... Depuis le 15 mars, des manifs ont eu lieu à Gaza, Ramallah ... des tentes sont installées sur la place de la Nativité à Bethléem, Naplouse, Ramallah ................ des signes de présence, de protestation, combien de temps resteront elles là ? J'ai un problème : je ne comprend rien à l'anglais ça ne facilite pas ma compréhension du problème ça me frustre, le seul mot que je comprenne est facebook c'est un peu limité voyez vous ? Je remonte avec Olivier dans le hall, lui grâce à la connexion travaille sur son ordinateur moi je me goinfre de viennoiseries locales mise à disposition, nous rencontrons Najwan qui est coordinatrice et une des leader du mouvement du 15 mars. Olivier continue sa série de portraits. Lisie,Emilien et moi partons.

Le centre culturel franco-allemand et les garçons sensibles

Shakroum,shoukram.................je me fais interpeller dès notre arrivée au centre en descendant du taxi  par un homme habillé en lord anglais(grâce à mon accent) . C'est Philippe le directeur du centre culturel ; Lisie et Philippe se découvre une connaissance en commun, il commente l'abattement moral des Palestiniens ,leur étouffement et la tristesse qui se dégage de cet état de fait; Emilien avait fait 2jours avant le même et triste bilan.A l'intérieur, je remarque un Palestinien aux yeux pétillants .Il s'installe devant le centre pour étudier son livre ,évidemment,moi,je sors fumer une clope . Je regarde un citronnier et je réalise mon amour pour cette journée et Ramallah .Avec Salah nous sommes attirés comme des aimants (je crois) il m'explique qu'il est interne en médecine et qu'il part en Allemagne finir sa spécialité donc ici il apprend l'allemand moi pendant ce temps je minaude,minaude encore et reminaude avec mon anglais moins que rudimentaire.Il m'explique que les étudiants Palestiniens sont les bienvenus en Allemagne ,plus qu'en France. Je me vois déjà faire des performances dans les squatts de Berlin pendant que lui finirait son internat à l'hôpital,par exemple,je me retourne, je suis entouré d'allemandes et de" garçons sensibles" Palestiniens tous étudiants en médecine ... le rêve ,oui c'est ça le rêve .... je suis en plein délire! Lisie,Emilien et moi partons.


Ramallah Ramallah et Ramallah 

C'est une ville au charme particulier, très urbaine chaotique saturée et harmonieuse à la fois. Je me sens comme un poisson dans l'eau. En reconstruction permanente depuis la seconde Intifada, beaucoup de bâtiments se ressemblent et sont de pierres blanches, la ville s'étale sur des monts, des vallées, très très belle lumière !!!!

Ashtar et Iman Aoun LA FABULEUSE 

Nous nous retrouvons tous les 4 au théâtre Ashtar, nous avons rendez vous avec Iman Aoun. Elle est metteuse en scène, actrice et directrice artistique du théâtre et de la compagnie [ www.ashtar-theatre.org]. Elle est d'une énergie incroyable : un mélange de nervosité, d'humilité et de beauté humaine. Elle nous explique les axes de travail de la compagnie. Elle dit: "on ne naît pas terroriste on le devient", elle nous fait un topo rapide sur l'histoire théâtral traditionnel (ou pas) Palestinienne .Elle est intelligente et ouverte. Je pense à Daniel Keene "seul le survivant connaît le vrai calme". Elle nous fait part de la complexité de la situation, nous le savons mais j'ai la sensation de l'apprendre à son contact. Un rayon de soleil se dépose sur son visage, elle est lumineuse et nous réchauffe. Elle ne force rien, elle s'impose naturellement. Elle nous embarque gracieusement et énergiquement dans le théâtre où ces élèves donnent une représentation de "les monologues de Gaza". Les monologues sont une initiative de la compagnie, 33 monologues joués par la cie et d'autres cies à travers les territoires occupés Palestiniens et le monde. Du 6 au 12 juin, la cie Ashtar jouera cette pièce à Toulouse (à vérifier le lieu sur leur site). Nous avions déjà assisté à une représentation des monologues au Alrowwad Center à Aida camp où nous vivons et travaillons jusqu'au 2 mai .Cette représentation est exclusivement pour des jeunes filles voilées d'une école (j'ai oublié de demander de quel lycée ?). Les jeunes comédiens (13) déploient une énergie, un plaisir communicatif malgré notre incompréhension de la langue. La pièce se conclut par un chant, la voix et le chant de la comédienne sont sublimissimes, une émotion à l'état pur :  merci ! Nous la reverrons très prochainement et nous avons tous la sensation de faire une rencontre importante essentielle - nous sommes heureux ! Nous partons.

Check point et les ongles écaillés

Les check points est la manifestation (ça plus le mur, plus..........) concrète de la violence de la situation. On sent les Palestiniens dans le bus blasés résignés et  habitués à devoir se justifier de leur existence, de leurs déplacements professionnels, familiaux et encore c'est un "droit " qui ne concerne pas tout le monde. Je remarque que la militaire Israélienne qui me contrôle à les ongles peints en rose barbie (je déteste ça et en plus ils sont écaillés) et là je bouffe mes poings car cette vision me déclenche (et tout le reste)  une violence et une colère (restées intérieure) qui peut très bien s'exprimer par un collier d'insultes(minimum)........................ je déteste l'arrogance de cette meuf et sa position et sa position arrogante et l'arrogance en général ...... et encore je m'exprime en mode bisounours.....................

Cependant je rentre avec la certitude d'être rempli par cette journée particulière et pleine .....................
Nous rentrons...........................................



14/04/11 (merde,désolé normalement je dois mettre la date et prénom et nom à droite comme mes amis mais je ne sais pas comment on fait j'ai le même rapport à l'informatique qu'à l'anglais qu'au bricolage qu'.............)
Fred Munoz

5 commentaires:

Unknown a dit…

Waouh.. quelle journée lumineuse et pleine de lucidité... La lumière chatouille nos sens et réveille aussi une dure et arrogante réalité,non ? Je vous embrasse bien fort, je vous suis à la trace même loin. Bises.

Benoît Garcia a dit…

"Mais nous souffrons d’un mal incurable qui s’appelle l’espoir. Espoir de libération et d’indépendance. Espoir d’une vie normale où nous ne serons ni héros, ni victimes. Espoir de voir nos enfants aller sans danger à l’école. Espoir pour une femme enceinte de donner naissance à un bébé vivant, dans un hôpital, et pas à un enfant mort devant un poste de contrôle militaire. Espoir que nos poètes verront la beauté de la couleur rouge dans les roses plutôt que dans le sang. Espoir que cette terre retrouvera son nom original : terre d’amour et de paix. Merci pour porter avec nous le fardeau de cet espoir."
Mahmoud Darwich

Anonyme a dit…

Chouette journée ! Je suis contente de "t'entendre" fred ! Et contente que vous soyez à ramallah. Je me souviens de mon arrivée là bas, de la gare routière, du visage de Maissoun qui allait devenir mon amie ( vous ne l'avez pas rencontrée encore ?) et puis du marché avec ses parasols rouges bleus et jaunes, de l'énergie qui coule dans les rues, de la jeunesse taillée dans une matière lourde et musclée, pleine à déborder de violence ou d'amour...
Bisous à vous
Mandine

MIM a dit…
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Anonyme a dit…

C'est beau, humain et frais, plain de bons sentiments. En te lisant on fait un bout de parcour avec toi.journée loumineuse et plaine d'espoire...