Vous vous trouvez sur le blog tenu par la Compagnie Sîn lors de son séjour en Palestine au mois d'avril 2011. Depuis près de dix ans les artistes de Sîn sillonnent ce territoire pour façonner des échanges culturels et de nouvelles propositions artistiques.
L'an dernier vous avez pu les suivre sur le blog "outwallin".
Le projet a avancé et un spectacle dédié à l'espace public est en cours d'écriture.
Huit personnes participent à ce nouveau séjour.
Leurs objectifs : Regarder, Ecouter, Enregistrer, Collecter, Ecrire et proposer des ateliers de pratiques artistiques au Centre culturel Al Rowwad, dans le camp de réfugiés d'Aïda.
Ce blog est là pour vous permettre de suivre la Compagnie Sîn, jour après jour, pendant cette nouvelle pérégrination palestinienne.

De retour de Bil'in

crédit image : Carst

Voilà 5 jours que je suis en Palestine il me semble que ça fait plus longtemps. Je commence à ne plus réfléchir pour circuler dans le camp. Mes pieds m’emmènent là où il faut. Ici pas de plan, pas de nom de rue, plutôt un enchevêtrement architectural anarchique diraient certains (avec tout ce que cela comporte de négatif pour la plupart des gens). Me semble que se serait plutôt comme une forêt qui aurait poussé en milieu difficile voir hostile, sur une terre pauvre, une terre rocailleuse et sans eau où chaque pousse se démerde à glisser ses racines entre les rochers, se frayer un chemin pour atteindre les nutriments nécessaires à sa survie. A l’image de l’Olivier, noueux, dense, contrits parfois mais si profondément  ancré qu’il en devient inamovible. Rien à voir avec ces alignements quasi militaires des forêts plantées par l’homme, où y’a rien qui dépasse, tirées au cordeau, régulièrement travaillées, désherbées, contrôlables & exploitables, bien ordonnées, bien agencées par le grand architecte, le grand ordonnateur.
Oui ! Le camp d’Aïda c’est un olivier, la Palestine c’est un olivier qui aurait plus de 2000 ans, indéracinable ! Indéracinable et toujours en devenir. Si profondément ancré qu’il peut subir toutes les sécheresses, toutes les tempêtes, toutes les guerres de l’eau. L’olivier c’est l’arbre qui peut subir les tailles les plus drastiques et pousser de plus belle, s’épanouir à nouveau, fleurir à nouveau et crouler sous les fruits. Oui, les maisons dans les camps c’est des oliviers qui poussent malgré les pesticides, herbicides, homicides, elles sont si profondément ancrées, enracinées qu’on aura beau les tailler, les buldozériser, les gazer, les humilier, on pourra même les couper à la base comme on le fait avec les oliveraies palestiniennes ; coupées à la base on ne les empêchera pas de faire des rejets (chez nous on appelle ça aussi des gourmands), on ne les empêchera pas de repartir du pied.
Ces oliviers là pour les faire disparaître c’est la montagne qu’il faudra raser. Pour faire disparaître la Palestine, Israël devra se disparaître aussi. Si tu tues ton frère tu tues ta mère et crache sur les tiens. Alors mourra l’olivier qui vous vît naître toi et tes ancêtres, qui vous fît vivre toi et les tiens et ton dieu quel qu’il soit n’y pourra plus rien.
Caïn, retiens ton chien !
Carst
22/04/2011

Aucun commentaire: