Crédit photo : Olivier Baudoin
Bilal est un garçon maigre de quatorze ans. Il porte des lunettes. Il a sonné un jour chez nous et nous a serré la main. Il a dû nous repéré depuis un moment. Il entre, prend l'espace du salon, nous fait la conversation en anglais. Il est assuré nous sommes interloqués.
Bilal a des copains derrière lui, ils sont plus jeunes et rigolent comme des sacripants.
Au moment où les gosses partent, il reste une boîte à chaussures sur le canapé. Bilal est toujours là.
On dit à Bilal de récupérer « sa » boîte à chaussures. Au moment de lui redonner, le cadeau tombe sur le canapé. En fait de cadeau, c'est une grosse crotte très parfumée. Une blague de gamins.
Bilal n'est pas au courant et est gêné. Il ramasse avec les doigts. Pas eu le temps de lui donner de papier. On ferme la porte.
Il revient sonner. Il nous offre des bonbons, ceux qu'il aime manger et des graines de tournesols. Nous présente ses excuses. On accepte. On ferme la porte. Plus tard, il revient sonner. Ses petits copains sont là pour nous présenter à leur tour des excuses. Bilal nous invite à prendre le thé chez lui demain.
On oublie.
En pleine réunion, Bilal sonne. Le thé, c'est l'heure il nous attend. On refuse on a trop de travail. Il nous dit que sa mère a tout préparé. Merde. Bon ben on y va. Enfin une partie d'entre nous.
En fait, sa mère n'a rien préparé. Elle est malade, a de la fièvre. Le petit sacripant nous a bien eu.
Le thé se prépare. On fait connaissance.
Bilal a une sœur, un petit frère, un grand frère qui est attardé mental.
Sa mère a 35 ans, elle est souriante.
Son père est athlète, il est prof de Karaté, Kung Fu et Taï chi.
Il a participé aux « jeux Olympiques » du monde arabe.
Il a rencontré Mahmoud Darwiche. Il nous montre les photos.
Bilal voudrait faire comme son père quand il sera grand.
Il nous fait une démonstration de karaté-kung fu-nunchaku.
Il est concentré et drôle. Nous combattons amicalement au milieu du salon.
On rit. Il fait une acrobatie qui aurait pu terminer à l'hôpital.
Bilal va l'école de Aïda Camp. Il apprend l'anglais. Il sort ses cahiers, ses dictionnaires.
Bilal s'est fait opérer des yeux à l'âge de quatre ans et il doit refaire une opération à 17 ans.
Bilal est presque aveugle et nous on avait pas vu.
Lisie Philip
1 commentaire:
Bilal le sacripant, super ce texte !! Il donne envie de le rencontrer...
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